Le Quotidien d’Algérie, 4 octobre 2011
La Jordanie a depuis plus de vingt années
régulièrement traversé des phases difficiles, coincée entre des courants
totalement antagonistes qui ont souvent mis à rude épreuve son équilibre
socio-politique. L’on se souvient de l’embrasement du début des années 1970, le
« septembre noir » des Palestiniens, de la réaction violente du
royaume hachémite et des risques de guerre civile qui avaient suivi la décision
de ce dernier de ne pas participer au conflit israélo-arabe.
A chacun de ces
événements s’étaient manifestées deux ou plusieurs tendances qui donnaient à
croire aux observateurs qu’aucune solution pacifique ne pouvait être trouvée.
Derniers exemples en date, la position inconfortable de ce pays lors du conflit
Irak-Iran où Amman avait donné tout son soutien à Baghdad malgré la colère des Ayatollahs
avec tout ce que cela peut représenter comme menaces internes. Un soutien
renouvelé pendant la Guerre du Golfe malgré, cette fois-ci, les pressions et
représailles des Etats-Unis et d’Israël. La Jordanie a ainsi toujours su se
tirer d’affaire au moindre prix et cela au grand étonnement des cassandres qui
annonçaient déjà sa disparition.
A l’origine de cette facilité d’adaptation, le roi Hussein, véritable stratège et spécialiste du compromis. La conjoncture actuelle du pays est une nouvelle occasion pour le souverain hachémite d'utiliser son talent de rassembleur. Il a ainsi su maîtriser, pour un temps au moins, la montée islamiste en ouvrant aux religieux la vie politique qui les a amenés à siéger au Parlement et à obtenir des postes ministériels. En adoptant une démarche un peu plus religieuse, en se posant comme l’authentique gardien des lieux sacrés, il a réussi à s’élever au-dessus de la mêlée et à faire taire les dissensions politiques qui apparaissent de plus en plus dans une société durement marquée par la crise économique et où le fossé entre riches et pauvres ne cesse de s’élargir.
La future et
toujours incertaine conférence de paix sur le Proche-Orient a constitué l’autre
domaine d’intervention du roi auquel il a fallu énormément de poids pour amener
le gouvernement de son Premier ministre, Taher Masri, à accepter en premier
lieu le principe d’une rencontre avec Israël mais surtout la formation d’une
délégation palestino-jordanienne contrairement aux vœux de certains
responsables qui souhaitaient que deux délégations distinctes se présentent à
la conférence. Mais plus que tout, il aura fallu à Hussein plusieurs semaines
pour convaincre l’opinion que la conférence ne serait en rien cette future
défaite de l’OLP que prédisent certains milieux politiques, témoin le récent
remaniement ministériel qui a vu la formation d’un universitaire à la tête des
Affaires étrangères. C’est pourtant là une grande prise de risque pour le roi
car il porterait une bien lourde responsabilité en cas d’échec des
négociations. Le Jordanien, qu’il soit d’origine palestinienne ou non, ne
comprendrait pas cette nouvelle concession « gratuite » à l’Etat d’Israël.
Belkaïd Akram
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