lundi

L’opposition en Algérie depuis 1962 (PRS-CNDR et FFS) de Ramdane Redjalla

_
Le Quotidien d’Algérie, 10 octobre 1991

La vie politique algérienne est de plus en plus mouvementée et le rythme auquel est soumise l’opinion depuis octobre 1988 a occulté certains grands événements qui s’enfouissent peu à peu dans les mémoires sans pour autant que la vérité ne soit connue. L’ouverture du pays n’a donc pas délié les langues même si de nombreux écrits ont été publiés par des personnalités apportant pour chacune d’elles un témoignage dont le contenu est souvent édulcoré voire même autocensuré s’il n’est pas teinté de subjectivité. A cela une simple raison. Ces hommes politiques d’hier le sont encore aujourd’hui avec tout ce que cela implique au point de vue stratégie électorale.

L’ouvrage de Ramdane Redjalla publié une première fois par les éditions de L’Harmattan (Paris) puis, aujourd’hui, par les éditions Rahma d’Alger, peut de ce fait être écarté du lot car écrit par un homme qui se situe en dehors de l’arène algérienne et qui tente tout au long de son livre de fournir un travail d’historien indépendant de tout clivage. L’on pourra toutefois objecter que Redjalla est juge et partie car ayant été tour à tour militant du PRS-CNDR de Boudiaf et du FFS d'Aït-Ahmed.

« L’opposition depuis 1962 » se divise en trois grandes parties distinctes. La première est une « étude sur l’origine et le comportement des partis d’opposition depuis 1962 ». L’auteur n’ira pas par quatre chemins, égratignant au passage des leaders comme Ben Bella et surtout Aït-Ahmed. Il y est ainsi fait mention de « l’instabilité politique et idéologique » de ce dernier ainsi que « du pouvoir sans partage de Ben Bella qui selon la conjoncture a favorisé l’aspect islamique ou laïc ». Mais, plus que tout, l’intérêt de cette partie réside dans la chronologie minutieuse que Redjalla présente au sujet de la crise de l’été 1962, éclairant sous un jour nouveau les événements qui ont amené la victoire du bloc de Tlemcen avec l’énumération des alliances et des voltefaces qui influeront directement sur la vie future du pays. Pour l’auteur, la chose est claire, il n’y a eu aucun fondement d’ordre politique motivant l’apparition des tendances au cours de cette crise ni même par la suite lorsque des mouvements d’opposition à Boumediene et Ben Bella ont commencé à activer. Conflits d’hommes donc et non pas d’idées pour Redjalla qui apporte un soin particulier à l’explication du pourquoi de l’instauration du parti unique et de l’échec des premières élections législatives du pays. On ne manquera pas d’ailleurs de faire un parallèle entre ces élections et celles qui se préparent aujourd’hui.

La seconde partie concerne l’historique du premier parti d’opposition qui est apparu après l’indépendance à savoir le PRS-CNDR. L’auteur y fournit une somme importante d’informations et de documents tout en insistant sur « la ligne instable de ce parti » qui finira par s’auto-dissoudre au début des années 1980. Suit une troisième partie qui concerne le FFS et qui apporte une foule de jugements à l’encontre de Hocine Aït-Ahmed en se basant pour cela sur l’attitude de ce dernier lors des événements qui ont marqué l’Algérie depuis 1962. Citons pour l’exemple la tentative de putsch de Zbiri et les diverses négociations avec le régime de Boumediene.

Un livre qui risque donc de soulever quelques polémiques mais dont l’intérêt est plus que certain puisqu’il permettra au lecteur algérien d’avoir une meilleure appréciation de l’histoire de l’opposition en Algérie. Une histoire confondue avec celle de quelques leaders directement interpellés par cet ouvrage.

Belkaïd Akram

 
(*) L’opposition en Algérie depuis 1962. Le PRS-CNDR, le FFS. Ramdane Redjalla. Editions Rahma. Alger.
_

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire