jeudi

Prost ou l’éternelle tchaklala

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Le Quotidien d’Algérie, 3 octobre 1991

Les grands champions ne laissent jamais indifférents et Alain Prost fait partie de cette catégorie de sportifs qui par un geste ou une phrase déchaînent les passions des foules et des médias. La différence entre les uns et les autres est que certains le font de manière réfléchie et raisonnée, n’entamant des polémiques que lorsque le remue-ménage médiatique en vaut la peine. Force est de constater que Prost est loin d’être un ange ce qui, hélas, enlève beaucoup à son prestige. Un rapide coup d’œil en arrière suffit à le prouver. Polémiques hyper-médiatisées avec Berger, Mansell et Senna. Ou alors véritables affrontements franco-brésiliens entre lui et Senna.

En fait, Prost n’a jamais tort. S’il gagne, c’est à lui seul qu’il le doit. S’il perd, c’est de la faute à la pluie, au pilote d’une autre voiture qui l’aurait délibérément accroché, sans oublier la voiture ou les pneumatiques. Après le Grand prix d’Espagne, l’ex-champion du monde a justifié sa défaite par le fait que Ferrari lui avait imposé une gamme particulière de pneus. « La faute à l’autre » alors que Mansell, vainqueur à plus de quinze secondes, ne pipait mot, blasé par les écarts du Français. L’on se souvient aussi de ce drame italien où Prost avait exigé le départ du directeur technique de Ferrari arguant du fait que ce dernier était responsable de ses échecs successifs. Scandalissimo !

L’homme est parti mais Prost n’a toujours pas gagné de Grand prix depuis plus d’une année. Mauvaise voiture, moteur trop fragile sont des excuses généralement avancées. En somme, la stratégie des pleurs. Même la presse française, hier si fier de son champion, ne s’y est pas trompée et l’on note de plus en plus d’agacement dans le compte-rendu de déclarations et l’on ne prend plus les paroles de Prost pour argent comptant. Alexeï, son coéquipier chez Ferrari et grand espoir de la F1 française perd aussi son calme en déclarant publiquement souhaiter son départ de l’écurie italienne.
Il est ainsi des champions qui aiment gagner et savent perdre. Et d’autres qui, au contraire, par leur trop plein d’orgueil, n’ont pas la manière de perdre ni même celle de gagner.

Belkaïd Akram
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